L’incertitude économique pèse sur la mobilité professionnelle : près d’un nouveau contrat de travail sur six (16,2 %) en moins a été conclu par rapport à l’année dernière

Un nouveau contrat à durée indéterminée sur 6 en moins au premier trimestre 2025

Au premier trimestre 2025, 16,20 % de nouveaux contrats à durée indéterminée en moins ont été signés dans le secteur privé par rapport au premier trimestre de l’année précédente. Il s’agit d’une baisse de 13,93 % en comparaison avec la période avant le coronavirus. Les chiffres montrent que le marché de l’emploi attire moins les jeunes et que moins de personnes sont tentées de changer d’emploi. La baisse la plus forte dans les nouveaux contrats conclus concerne les secteurs de l’horeca (-25,20 %), du non-marchand (-24,84 %) et de l’alimentation (-32,66 %).  

Illustration 1 : % de nouveaux contrats à durée indéterminée (= afflux) par secteur – T1 2025 et comparaison avec 2024 et 2020 – chiffres Acerta

Laura Couchard, experte du marché de l’emploi chez Acerta Consult : « L’instabilité économique et la situation (géo)politique peuvent expliquer la diminution de l’afflux et de la mobilité professionnelle. Les gens ressentent l’incertitude (économique) et préfèrent opter pour la sécurité de l’emploi auprès de leur employeur actuel. Les faillites de grandes entreprises comme Tupperware ou la fermeture d’Audi Brussels influencent aussi la perception des travailleurs, qui privilégient le statu quo de leur situation actuelle. En outre, le taux de vacance de Statbel indique qu’il y a moins d’offres d’emploi en Wallonie cette année, ce qui se traduit par moins d’opportunités d’emploi et explique en partie l’afflux moindre. »  

Moins d’afflux aussi chez les jeunes et moins de mobilité chez les quinquagénaires

L’afflux sur le marché de l’emploi est évidemment également facilité par l’arrivée des personnes qui sortent de l’enseignement et pénètrent dans le monde du travail. Par conséquent, la tranche d’âge dans laquelle la plupart des nouveaux contrats ont été signés est celle des -25 ans : 10,47 % de tous les travailleurs de moins de 25 ans sont nouveaux. Parallèlement, nous constatons à peu près la même baisse de la proportion de nouveaux contrats dans cette tranche d’âge que dans l’ensemble : -18,19 % par rapport à 2024, -13,34 % par rapport à 2020. Enfin, il convient aussi de souligner que les plus de 55 ans changent nettement moins d’emploi (-19,30 %) en comparaison avec l’année dernière. Aujourd’hui, ils misent davantage sur la sécurité eux aussi. 

Illustration 2 : % de nouveaux contrats à durée indéterminée (= afflux) par tranche d’âge – T1 2025 et comparaison avec 2024 – chiffres Acerta

Laura Couchard : « L’afflux réduit de jeunes est également lié à la démographie. La population compte moins de jeunes. Dès lors, il y a automatiquement moins de jeunes candidats. En outre, les jeunes ont tendance à étudier plus longtemps, de sorte qu’ils accèdent plus tard au marché de l’emploi. Les employeurs ont généralement tendance à se montrer plus prudents lorsqu’ils embauchent des jeunes. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les plus de 55 ans. Dans un contexte économique incertain, les employeurs rencontrent aujourd’hui des choix difficiles sur un marché de l’emploi toujours tendu. S’ils ne peuvent recruter qu’une seule personne, ils choisissent souvent celle qui est dotée d’une certaine expérience, mais aussi celle qui désire encore rester à la page pour suivre les évolutions technologiques. Souvent, les employeurs pensent à tort que ce n’est pas le cas des travailleurs de plus de 55 ans. De ce fait, il est très difficile pour les jeunes, d’une part, et pour les travailleurs plus âgés, d’autre part, de trouver un (nouvel) emploi, en particulier dans les secteurs où la pression est forte et où les nouveaux travailleurs doivent être intégrés rapidement. » 

À propos des chiffres  

Pour son analyse, Acerta Consult s’appuie sur les données réelles provenant d’un ensemble fixe de 18 700 employeurs suivis sur la période 2020-2025, en comparant le nombre de contrats à durée indéterminée (employés et ouvriers) pour le premier trimestre 2025.