Votre entreprise est en difficulté ? Voici comment respirer d’un point de vue financier
Le conflit en Ukraine, la hausse des prix… Nous vivons une période difficile et peut-être que votre entreprise en paye les frais. Ces conseils vous permettront de respirer d’un point de vue financier.
1. Rechercher les coûts cachés
Notre premier conseil : détectez et analysez vos coûts cachés. Votre entreprise réalise peut-être des dépenses qui ne sont pas (ou plus) nécessaires. En voici quelques exemples :
Heures supplémentaires
Vos collaborateurs prestent de nombreuses heures supplémentaires ? Vous devriez vous assurer que ces heures supplémentaires sont nécessaires et vous demander si vous pouvez trouver une solution pour organiser le travail de manière plus efficace. Essayez de limiter au maximum les heures supplémentaires afin de devoir en payer moins. Vérifiez si l’adaptation des horaires de travail dans votre règlement de travail pourrait être une solution pour éviter ces heures supplémentaires. En cas d’heures supplémentaires, recherchez l’option la plus avantageuse, comme les heures supplémentaires de relance qui sont exonérées d’ONSS et de PP.
Contrats flexibles
Déployez votre personnel permanent de manière optimale et maximale, afin de réduire les contrats avec les freelances et les collaborateurs intérimaires. Essayez de déployer votre personnel permanent là où il est le plus nécessaire, dans un rôle qui lui convient, et recentrez régulièrement les talents sur leurs compétences. C’est ainsi que l’on met en place une politique de carrière durable.
Malades de longue durée
Selon la devise « mieux vaut prévenir que guérir », il est préférable d’avoir une politique d’absentéisme préventive, en veillant au bien-être de vos collaborateurs. À partir de 2023, vous risquez également une cotisation de responsabilisation en cas d’incapacités de travail de longue durée en trop grand nombre.
2. Rémunérer de manière plus intelligente
Une politique salariale qui implique un salaire net attractif pour vos collaborateurs et adapté à eux, ainsi que des coûts patronaux les plus bas possibles : une situation gagnant-gagnant. En effet, vous conservez davantage de budget pour investir dans votre organisation et vous obtenez des collaborateurs impliqués et satisfaits en échange. Quelles sont donc vos options ?
En plus d’un salaire fixe conforme aux barèmes, vous devez également envisager des avantages extra-légaux souvent intéressants d’un point de vue parafiscal, tels que les chèques-repas, les écochèques, l’assurance groupe, les indemnités de défraiement, le bonus non récurrent lié aux résultats (CCT 90), la prime bénéficiaire, la prime d’innovation et l’utilisation privée d’un téléphone portable. Vous voudriez avoir une idée de l’impact de ces éléments sur vos frais salariaux ? Établissez des prévisions grâce à notre outil budgétaire.
Vous pouvez également offrir à vos collaborateurs la possibilité de convertir une partie de leur salaire en jours de congé supplémentaires. Ainsi, vos frais salariaux n’augmentent pas, mais vos travailleurs bénéficient de plus de temps libre.
Vos collaborateurs peuvent également être plus disposés à s’impliquer, sachant que cela permettra de moins licencier (ou de ne pas du tout licencier). Par exemple, vous pouvez prévoir une année sans bonus ou convenir d’une réduction (temporaire) des salaires par consentement mutuel. Les dirigeants eux-mêmes peuvent donner le bon exemple.
3. Adapter le temps de travail
Vous pouvez aussi conclure des accords avec vos collaborateurs concernant le temps de travail. Vous pouvez donc réaliser un sondage pour savoir si vos collaborateurs individuels sont prêts à travailler moins d’heures par semaine (temporairement ou non).
La réduction collective du temps de travail fait également partie des options. En réduisant par exemple la durée du travail totale dans l’entreprise de 38 à 35 heures par semaine, vos collaborateurs continuent à constituer des droits sociaux en tant que collaborateurs à temps plein. Cependant, ils prestent moins d’heures et vous diminuez ainsi vos coûts salariaux. Une concertation avec les syndicats ou les collaborateurs est requise et le règlement de travail doit être adapté.
4. Faire appel au chômage temporaire
Le chômage temporaire a été créé en vue de compenser les chocs économiques et de vous éviter de devoir licencier des collaborateurs en cas de baisse de la charge de travail. Vos collaborateurs reçoivent alors une allocation de chômage temporaire. En réduisant ainsi les frais salariaux, vous pouvez repousser quelque peu les décisions relatives aux licenciements. Jusqu’au 31 mars 2023, les entreprises grandes consommatrices d’énergie peuvent faire appel au chômage temporaire spécifique énergie.
5. Partager vos collaborateurs
Une autre option consiste à échanger des collaborateurs, soit en interne (entre divisions), soit en externe (avec d’autres entreprises). Par exemple :
- Vous pouvez déployer vos collaborateurs de manière flexible entre les sections de l’entreprise, en fonction de là où la charge de travail est la plus importante.
- Il y a trop peu de travail pour votre personnel ? Vous pouvez alors partager temporairement vos collaborateurs avec d’autres employeurs qui ont besoin de main-d’œuvre supplémentaire (et inversement).
- Si vous avez des postes pour lesquels la transition s’impose, vous pouvez adopter les transitions de carrière à moyen terme pour réorienter régulièrement vos talents.
- Si vous ne pouvez pas conserver certains profils (à temps plein), pensez à des situations de partage plus permanentes.
- Votre entreprise compte des postes vacants ? Essayez d’abord de les pourvoir en interne.
Le partage de collaborateurs vous donne la possibilité de surmonter les périodes de turbulence, tout en gardant les collaborateurs talentueux liés à votre entreprise.
Et si le licenciement (collectif) s’avère être la seule issue ?
Vous avez appliqué les conseils ci-dessus, mais vous devez quand même licencier ? Dans ce cas, les règles habituelles en matière de licenciement s’appliquent. Si vous êtes reconnu comme une entreprise en difficulté ou en restructuration, vous pouvez, en cas de licenciement avec paiement d’une indemnité de préavis, payer l’indemnité de préavis par mensualités.
Si vous devez vous séparer de plusieurs collaborateurs, n’oubliez pas qu’il peut être question de licenciement collectif ou de licenciement multiple. Vous en apprendrez davantage à ce sujet ici.
Attention ! Votre secteur peut avoir élaboré des règles spécifiques sur les licenciements collectifs ou multiples que vous devez respecter. Pour certains motifs de licenciement, votre possibilité de licencier peut également être assortie de mesures à prendre ou d’une procédure à suivre au préalable. Il s’agit ici des CCT sectorielles dites de sécurité de l’emploi ou d’interdiction de licenciement.
Licenciement : si vous ne pouvez pas l’éviter
Vous envisagez le licenciement (collectif) afin de guider votre entreprise vers un futur durable en toute sécurité ? Pas si vite : nous pouvons peut-être trouver une solution alternative ensemble. Impossible de faire autrement ? Dans ce cas, nous veillons à ce que tout se passe le plus humainement possible et dans le respect des règles juridiques.
Écrit par
Conseillère juridique chez Acerta